Edito
L’avènement des ENR est un vecteur puissant de paix dans le monde.
L’énergie fossile a été et est toujours à l’origine de nombreuses guerres, petites ou grandes.
Quelques exemples récents :
Le gaz et le pétrole Russes, normalement boycottés, sont vendus au prix fort sur les marchés, permettent à son dictateur sans scrupule, de doper sa machine de guerre contre son ennemi principal du moment.
Le Quatar, pays richissime qui détient 12% des réserves de gaz mondiales et est un contributeur généreux en faveur de différentes factions politico/terroristes dans le monde. Il est devenu aujourd'hui l’acteur central dans la négociation de la libération des otages aux mains du sanguinaire Hamas qu'il finance.
C’est dans ce contexte angoissant que démarre la COP 28 à DUBAÏ (poumon économique principal des Emirats Arabes Unis), présidée par le sultan Ahmed al Jaber. Ce monsieur est également président d’une des plus importante compagnie pétrogazière du monde et ministre d’un pays dont les habitants rejettent en moyenne, deux fois plus de CO2 qu’un français. Pour être complet, notre cher sultan profite de ce grand « raout orgiastique » pour négocier de nouveaux juteux contrats de vente de pétrole.
Certainement pour optimiser les déplacements en jets privés !
Nous sommes dans des paradoxes qui confinent à l’absurde et pour reprendre le slogan actuel du syndicat des jeunes agriculteurs : « on marche sur la tête » !
La réalité du moment, c’est aussi le record mondial de consommation de pétrole qui est à plus de 102 millions de tonnes de barils/jours. Cette consommation ne commencerait, enfin, à refluer doucement, qu’à partir de 2025. Autant dire que la plupart des pays producteurs de ces énergies fossiles, en géostratèges cyniques et souvent guerriers, ont encore de beaux espoirs de « servir » aussi longtemps que possible, un monde dangereusement addicte aux énergies fossiles.
La condition d’un monde plus juste et plus pacifique, passe par la réduction urgente et drastique des énergies carbonées et l’augmentation massive de la production d’énergies renouvelables.
Ces dernières sont nettement moins sujettes à des luttes de pouvoir géostratégiques. Du fait de leur meilleure répartition sur les territoires de chaque pays, les ENR contribueront à créer de la valeur ajoutée et de la résilience énergétique localement, et in fine, à protéger les consommateurs contre des « montagnes russes » tarifaires.
Notre vieille Europe est sur le plan énergétique, mal armée, empêtrée dans des procédures décisionnelles trop lentes et souvent insuffisantes pour contrer des concurrents puissants et déterminés à nous garder sous leurs jougs.
C’est particulièrement vrai pour les panneaux photovoltaïques chinois dont nous dépendons toujours de plus en plus (à 96% pour les lingots cristallins). Cette concurrence asiatique est actuellement particulièrement féroce du fait d’une surabondance de sa production, d’une politique de « dumping » et de la fermeture du marché américain.
Le déclassement de la filière photovoltaïque européenne porte le risque d’un choc économique et d’un ralentissement brutal de la transition énergétique si la chine venait à bloquer ses exportations de quelques composants essentiels…
Est-ce que les futures « Giga-factories » françaises et européennes de panneaux solaires seront capables de relever ce formidable défi de l’indépendance et de la compétitivité ?
Peut-être … à condition de travailler à « armes égales » à savoir des tailles équivalentes (5GW est un minimum face à la chine), des conditions environnementales, sociales et des moyens de R&D similaires.
En France, les objectifs ambitieux et le savoir-faire sont plus que jamais présents, les territoires attendent les projets, les consommateurs s’impatientent de pouvoir compter sur une énergie totalement décarbonée, accessible et sûre.
La réindustrialisation du pays et de l’Europe passe inexorablement par la décarbonation et l’électrification.
Pour un monde meilleur ...
Pascal Chaussec - Président de l'APEPHA
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